dimanche 14 mars 2010

Perception du corps dans l'espace

La proprioception est la sensibilité propre aux muscles et aux tendons qui renseigne notre cerveau sur le déplacement et l'équilibre du corps dans l'espace. Ces diverses sensations étant moins claires pour Léa (dû à son hyposensibilité), la perception qu’elle a de son propre corps dans l’espace s’en trouve diminuée, lui causant un trouble de la planification motrice. Pour pallier à cet inconvénient, son cerveau doit en quelques sortes créer une banque de données regroupant tous les mouvements possibles à effectuer dans l’espace, pour ensuite s’y référer au besoin dans le quotidien. De simples gestes que l’on fait tous naturellement doivent donc lui être enseignés.

Jusqu’à maintenant, Léa a appris à effectuer quelques mouvements dans l’espace, mais son répertoire est assez limité. Bien entendu, le fait d’habiter un corps sans en être totalement aux commandes présente certains inconvénients pour elle. D’autres parts, cette compétence étant étroitement reliée avec la capacité de produire des sons avec la bouche, nous avons tout intérêt à y porter une attention particulière, et ainsi favoriser chez Léa l’acquisition d’habiletés dans ce domaine... et tous les autres qui en découlent….

Lorsqu’un geste a un but, par exemple lever un bras pour atteindre un objet placé en hauteur, il est assez facile pour Léa de percevoir le déplacement de son corps, puisqu’elle a alors une sorte de repère visuel, un indice supplémentaire. Par contre, la même action de lever le bras mais, cette fois, dans les airs, sans aucune référence, d’une façon volontaire et planifié est beaucoup plus complexe. Pourtant, avec de la pratique, ce mouvement est devenu naturel et n’a plus de secret pour elle; cependant, si on souhaite apporter une légère variation afin de, par exemple placer les bras en croix,… on la perd complètement! Elle perçoit mal la différence entre les positions semblables.

C’est pourquoi, pour commencer, on doit travailler des gestes très différents les uns des autres. La contrainte est que, tout compte fait, on a juste deux bras et deux jambes; ainsi, les mouvements finissent tous par se ressembler un peu… Une autre stratégie qui me semble intéressante est de débuter par des actions que Léa effectue d’une manière inconsciente, et de l’amener à les faire d’une façon conscience, sur demande ou en imitation. De ce fait, on divise la difficulté en deux.

En définitive, la variété de mouvements qu’il nous est donnée de réaliser dans ce corps qui est le nôtre est telle, qu’il semble insensé de penser enseigner à Léa, un par un, chacun de ces gestes. Cependant, je crois que chaque nouveauté qui s’ajoute à son répertoire lui permet de siéger un peu plus en profondeur dans son corps. De cette façon, elle gagne de l’aisance dans ses mouvements, et devient graduellement plus à même de s’amuser en bougeant de manières diversifiées, et ainsi d’expérimenter elle-même des avenues qui lui sont inconnues.

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