jeudi 21 octobre 2010

Petits doigts s’exercent…

Elle rencontre bien des désagréments dus à ses petits doigts malhabiles. Le moment des repas, entre autres, s’en trouve affecté et une zone sinistrée se crée tout autour de Léa au fur et à mesure que son assiette se vide. C’est que Léa arrive difficilement à exécuter le geste de la pince pouce-index et par conséquent, elle se sert autant de la paume que des doigts. Plus le repas avance, plus les mains se salissent, deviennent glissantes, pour un résultat final parfois assez saisissant!… Mademoiselle étant un brin gourmande et pressée, pas question de se servir de ces occasions pour exercer ses petits doigts; vaut donc mieux créer un contexte plus favorable, plus neutre.

Prendre des pistaches (dans leur coquille!) et autres petits objets, avec le pouce et l’index, pour les insérer dans un contenant. Ceci demande concentration à Léa, parce que son geste naturel serait d’utiliser sa paume et ses doigts (prise palmaire). Au début, je lui faisais déposer les pistaches dans un petit contenant à large ouverture, mais je devais alors lui rappeler verbalement très souvent « pouce-index », ce qu’elle comprend très bien, mais qui demande constamment une intervention de ma part. Je préfère que le matériel parle de lui-même; avec une petite bouteille au goulot étroit, si Léa utilise la prise palmaire, geste beaucoup moins précis, il lui est ardu d’insérer le dit objet dans le trou. Elle se reprend donc, de son plein gré, avec pouce-index parce qu’elle en comprend l’utilité, et non pour obéir à maman, ce qui me semble rempli de sens.










Cette boîte avec une ouverture de forme carré, pour insérer des petits cubes en bois. La particularité est qu’il est essentiel de posititionner le cube bien droit, puisque dès qu’il est incliné (comme sur la photo), il n’entre pas dans le trou. Cet exercice requiert donc d’affiner le geste. Elle y parvient en se reprenant plusieurs fois pour chaque cube, et encore plus avec la main gauche…




Et une création-maison, en réponse à la difficulté de Léa à bouger ses doigts de façon indépendante les uns des autres; ils forment plutôt un bloc, comme s’ils étaient tous liés (sauf le pouce et l’index, qui sont plus autonomes). L’exercice consiste à placer ses doigts dans chacun des trous, ce qui nécessite déjà une prise de conscience de sa part. Et ensuite, je place une brosse à dent électrique (elle aime bien la sensation causée par la brosse qui tourne sur sa peau) au bout d’un doigt, qu’elle doit soulever pour atteindre la brosse. Pour l’instant, je maintiens toujours ses autres doigts à plat, pendant qu’elle s’affaire à relever celui qui est libre, mais je vois tout de même beaucoup plus d’aisance qu’au début, alors que je sentais, sous mes doigts, chacun des siens qui forçaient tous à la fois…

dimanche 29 août 2010

Léa en vacances!

Les vacances tirent à leur fin. Entre vélo, baignade, promenades dans les bois, petites escapades ici et là, ces deux mois qui ont passé bien vite, et Léa reprendra le chemin de l’école demain matin!

À vélo, elle fait courir son papa!! Après des heures de pratique à son actif, voilà que Léa a bien très intégré la notion d’équilibre sur le vélo, mais pour devenir tout à fait autonome, il lui reste à comprendre comment freiner, ainsi qu’à acquérir une certaine compréhension de la sécurité routière… Pour l’instant, elle va où bon lui semble, selon son désir du moment, sans se soucier des autos qui pourraient passer...


Léa aime beaucoup les promenades dans les bois, en autant qu’elle connaît le trajet. Quand on tourne à gauche au lieu d’à droite, pour prendre un sentier inhabituel, elle grogne pas mal fort. Raison de plus pour varier le plus souvent possible, pour ainsi assouplir son petit côté rigide… Ève entraîne joyeusement sa sœur au pas de course, parfois un peu malgré celle-ci, qui préfère être seule, mais qui s’y fait tranquillement…




Une expérience sensorielle sublime : le goût salé de la mer! Léa n’en fnissait plus de lécher les cailloux, avant de les lancer à l’eau!









Se déplacer sur ce parterre rocailleux très inégal bordant la mer lui demandait concentration et équilibre.

Pour clore cet été ensoleillé où la piscine a été l'activité de choix, Léa arrive depuis peu à délaisser son ballon dorsal, pour nager toute seule sur de courtes distances! La ténactié de son papa sur ce point porte ses fruits, et encore une fois, la témérité de Léa qui est plutôt volontaire, lui a permis de se dépasser! Par contre, elle n'a jamais voulu sauter dans l'eau, malgré qu'elle exécute ce mouvement facilement maintenant. Pour la première fois de sa vie, elle démontre une certaine crainte, que nous nous devons bien évidemment de respecter...

dimanche 13 juin 2010

Du Medek à grande échelle!




Quand Léa accomplit quelque chose de nouveau, c’est bien sûr un exploit qui fait bien plaisir autour d’elle! Mais la vraie satisfaction, c’est quand elle s’approprie les acquis et les utilise de son propre gré, d’une façon toute natuelle. Il survient parfois de tels des moments, et alors on tente de s’effacer pour laisser place à la magie de l’instant où Léa est bien concentrée et motivée par une force qui appartient à elle seule.

Nous faisons de temps à autre une petite sortie familiale à un parcours d’hébertisme pour enfants, pas très loin de chez-nous, où les enfants peuvent évoluer entre des passerelles, des ponts, pas japonais, etc. C’est en quelque sorte du Medek à grande échelle. Léa y a été entraînée à la maison pour l’apprentissage de la marche, et peut maintenant s’en servir pour s’amuser! D’elle-même elle tente certains obstacles. Elle y va à son rythme, donc pas trop pressée. Elle se contente bien souvent d’un seul essai, contrairement aux autres enfants (comme sa soeurette Ève!!) qui sont infatiguables, mais, tout de même, elle prend part à l’activité, ce qui ne manque pas de nous attendrir un brin…

jeudi 3 juin 2010

Versés, Transvasements à la cuillère


D’inspiration montessorienne, Léa s’exerce aux versés de gros grains, ou plutôt, très très gros grains. En fait, nous avons débuté avec des haricots séchés, ce qui était trop difficile, Léa renversait tout à côté. J’ai donc ajouté une étape précédant les versés de gros grains; verser un seul très gros grain, une pacane dans sa coquille. Comme ça, pas de dégâts, si Léa le verse à côté, la situation est maîtrisable, elle peut le remettre dans le pot et recommencer jusqu’à ce qu’elle réussisse (c’est surtout ardu avec sa main gauche). De cette façon, c’est beaucoup plus encourageant. Aussi, ça me permet de lui transmettre l’idée de viser juste, tout en gardant son plan de travail propre. Elle verse à partir du pot, dans la tasse en plastique, qui a une plus grande ouverture, donc plus facile... Quand elle possèdera bien ce geste, on se reprendra avec quelques haricots, pour augmenter graduellement la quantité de grains à verser.

Même principe pour les transvasements à la cuillère, nous avons débuté avec deux grands bols dont un rempli de haricots, ce qui s’est avéré pas mal casse-cou… Donc pour l’instant, je ne mets que 3 grains, amplement suffisant pour ne pas perdre le focus de l’activité. Léa a d’abord dû vaincre son automatisme de porter la cuillère à sa bouche, ce qui est assez bien compris maintenant. Reste à pratiquer encore et encore, pour qu’elle s’imprègne peu à peu du geste; au fur et à mesure, j’augmenterai la quantité de grains, tout en diminuant leur grosseur. Au départ, il vaut mieux rester dans les limites du possible…

mercredi 5 mai 2010

Léa saute!

Voilà, c’est maintenant chose faite, Léa saute d’une boîte, en avançant! Elle hésite un peu, se prépare, et hop!, elle s’élance! Il lui faut encore bien réfléchir pour ne pas descendre un pied à la fois, mais lorsqu’elle se trompe, elle se reprend d’elle-même!

Attacher ses chevilles pour descendre de la boîte (avec un soutien très ferme) a été un début. Nous avons répété l’exercice quelques jours de suite, puis, on a repris mais cette fois, sans le foulard aux chevilles. À ce moment, Léa a dû se creuser les méninges pour trouver comment descendre de cette fichue boîte, les deux pieds à la fois! Elle a dû recommencer maintes et maintes fois, et de temps à autre, elle y parvenait. Ses réussites sont devenues de plus en plus fréquentes. Elle avait alors besoin d’un maintien assuré au niveau de chaque main et chaque coude, puis graduellement, on a pu diminuer l’aide jusqu’à ceci!


Bravo Léa!

mardi 20 avril 2010

Micro

Idée proposée par une orthophoniste : un micro à écho, pour inciter les enfants à bavarder, ou à babiller. Léa a apprivoisé ce jouet avec plaisir! Bien que les sons qu’elle émet ne sont pas très variés, elle semble apprécier l’effet de résonnance ainsi produit; elle renouvelle même l’expérience fréquemment en utilisant divers objets dont la forme creuse s’apparente un peu à celle du micro . Alors, on peut entendre un peu plus souvent sa jolie voix de soprano!

jeudi 15 avril 2010

Les sauts

Pour dépenser de l’énergie physique et ressentir une grande sensation de mouvement, quoi de mieux que de sauter? L’évolution motrice de Léa a été, au départ, axée sur l’utilitaire, à savoir marcher pour se déplacer. Le saut, ainsi que légèreté et souplesse le caractérisant, ne faisait donc pas partie de sa « base de données », et, à prime abord, ne coulait pas de source pour Léa... C’est grâce à une « zébulette » http://www.hamac-bebe-zebulette.com/ (merci Isabelle pour le contact…), faite sur mesure pour grande fille, qui était alors âgée de 4 ans et demi, que notre petite sauterelle a assimilé l’idée de se propulser vers le haut. Elle arrive, depuis un bon moment déjà, à sauter sur place, pieds joints, sur le plancher ou sur un trampoline, en décollant très légèrement du sol; c’est le rudiment du saut. Ce nouveau savoir lui est très utile, plus spécifiquement pour extérioriser sa joie ou son mécontentement face à une situation. C’est en quelque sorte devenu un moyen d’expression pour elle; ainsi, elle utilise son corps en entier pour parler, et le message est, on ne peut plus clair!!

L’aboutissement idéal serait que Léa puisse maintenant adjoindre le mouvement d’avancer en sautant, pour ensuite s’amuser en faisant des bonds, sauter en bas d’une marche, ou bien dans l’eau; pourtant, son évolution est au beau fixe sur ce point. Qu’est-ce qui l’empêche d’aller plus loin? On pourrait dire qu’elle a été programmée à mettre un pied devant l’autre pour marcher, et c’est un automatisme; de ce fait, elle descend dans l’eau – ou d’une marche - plutôt que de sauter. Qui plus est, l’expérience lui a appris que se jeter dans le vide n’est pas une bonne idée, alors prudence est de mise!!

Prenons les choses une à la fois… Commençons par entrer un nouveau programme dans l’ordinateur central de Léa; avancer les deux pieds en même temps est chose du possible. Étant donné que de simples explications verbales ne sont pas assez puissantes pour outrepasser son réflexe bien ancré d’avancer un pied d’abord, Léa doit expérimenter ce principe dans son corps pour l’intégrer. À mon sens, elle possède, dans son disque dur, toutes les notions péalables à la résolution de cet impasse; il n’y a qu’à réunir les conditions favorables qui lui permettront de franchir ce pas. Comment s’y prendre? Après maints essais et mûre réflexion, on constate que tant et aussi longtemps qu’on exécute le mouvement pour elle, aucune connexion neuronale ne peut s’établir. C’est pourquoi elle devra élucider elle-même la façon de procéder pour descendre d’une petite marche en avançant les deux pieds simultanément. Pour l’aider à maintenir ses deux pieds ensemble, il semblerait qu’attacher ses deux pieds ensemble à l’aide d’un foulard, serait approprié. Pour éliminer l’effet intimidant de la hauteur, Léa aurait un appui pour se tenir. Il suffit qu’elle y parvienne une seule fois pour que la formation d’un nouveau circuit neurologique puisse s’enclancher.

Je suppose que cet aléa est affaire courante chez les enfants « différents »... Si jamais quelqu’un connaît une astuce auquelle nous n’avons pas pensé, n’hésitez pas à me refiler le tuyau!!

dimanche 11 avril 2010

Les fleurs

Le printemps est arrivé, la nature s’éveille, ce qui offre une panoplie d’activités enrichissantes à faire avec les enfants à l’extérieur. Par contre, pour obtenir du succès dans cette entreprise auprès de Léa, il vaut mieux planifier... En effet, bien qu’il soit intéressant de saisir les opportunités que nous offre la vie quotidienne pour lui faire faire des découvertes, ce contexte n’est pas le plus favorable pour les apprentissages; trop de distactions sont présentes, et surtout, dans ces situations, Léa a déjà ses propres habitudes qu’elle n’aime pas modifier subitement pour s’accorder à notre façon de faire. La subtilité est donc à l’honneur!

Par conséquent, il est préférable d’initier Léa à une nouvelle activité dans un contexte d’apprentissage, dans une pièce prévue à cette fin, où elle s’attend précisément à se faire déstabiliser et mettre au défi. Dans ce cas, elle est plus disponible et réceptive à ce qu’on lui présente. Une fois qu’elle aura apprivoisé la dite activité, le transfert dans un autre environnement en deviendra que plus aisé.

Par les étés passés, nous avons souvent tenté de lui faire cueillir des fleurs lors de promenade dans le bois, ce qui s’est avéré être un tour de force. Cette année, Léa sera au préalable initiée à la chose! Dans ce but, on pratique, dans un contexte d’exercice, à faire des bouquets de fleurs. Léa apprend à tenir la fleur par la tige, et non par les pétales, à les mettre dans le pot dans le bon sens, à les regrouper dans sa main, à les sentir… Ainsi, toutes ces manipulations s’ajoutent à son répertoire, auquel elle pourra se référer lorsque la nécessité surviendra dans la « vraie vie »!

jeudi 8 avril 2010

Biologie 101

Dans mon ancienne vie, avant l’arrivée de mes enfants chéries, je travaillais dans la recherche biomédicale. De par cette formation scientifique, les pourquois et les comments revêtent une importance particulière à mes yeux. Déformation professionnelle ou simplement trait de personnalité? Probablement un peu des deux… Pas étonnant donc que depuis cinq ans, une question me taraude : Mais qu’est-ce qui, dans le corps de Léa, ne tourne pas rond?? Quel disfonctionnement est à la source de ces diverses caractéristiques: hyposensibilité, hypotonie, strabisme, difficultés de planification motrice, conscience de l’autre peu développée….

Toute une série de tests structuraux, métaboliques et génétiques ont été réalisés afin de déterminer la fameuse « défectuosité ». Résultat : la cause n’est ni structurale, ni métabolique. On comprend donc que le cerveau de Léa est normalement constitué. De plus, l’ensemble des réactions produites depuis l’ingestion des aliments, jusqu’à leur élimination, ainsi que toutes celles qui se passent entre les deux, sont normales; le cerveau de Léa dispose donc de tous les nutriments nécessaires à son bon fonctionnement.

Si le problème n’est pas au cerveau, mais que diable se passe-t-il dans son corps?? Un test génétique très pointu a mis en lumière une micro-délétion sur le chromosome 1; quelques gènes sont donc absents sur ce chromosome (mais tout de même présents sur l’autre chromosome 1, puisque ceux-ci viennent en paire). Trois gènes connus sont compris dans cette déletion; leur fonction probable est aussi disponible. Étant donné que tout ce qui a trait au génome humain n’est pas encore élucidé, la médecine ne peut nous fournir davantage d'information pour l’instant. Peut-être qu’un jour, on en saura plus. En attendant, ma tête a cogité une réponse…

Parmi les trois gènes, un en particulier semble intéressant dans le cas qui nous occupe, de par son implication dans l’excitabilité neuronale. Qu’est-ce que cela signifie? Commençons par le commencement… Les nerfs servent à transporter des messages en provenance des organes des sens, jusque dans le cerveau, qui à son tour, commande la réponse appropriée aux différents muscles du corps, toujours par l’entremise des fibres nerveuses. Celles-ci sont constituées de neurones. Entre chaque neurone, le message doit donc se transmettre en totalité. L’excitabilité neuronale est ce qui permet la transmission de ce message d’un neurone à l’autre. Si un gène responsable de ce phénomène est en partie absent, comme c’est le cas dans le génome de Léa, il est évident que le message ne se transmettra pas dans son intégralité. C’est pourquoi ma théorie veut que lorsque les organes des sens de Léa perçoivent une information en provenance de l’environnement, le message capté perd de son intensité en route vers le cerveau. Ce dernier reçoit donc une information atténuée. Naturellement, sa réponse étant fonction du message reçu, celle-ci sera plus faible que ce qu’on aurait pu s’attendre face au message initial. Qui plus est, la réaction perd à nouveau de l’intensité en route vers les organes effecteurs, comme les muscles.

Par conséquent, à nos yeux, la réponse de Léa face à un stimulus est parfois bien loin de ce qu’on s’attendait, mais est pourtant logique par rapport à ce que son cerveau a reçu. Voilà pourquoi on la dit hyposensible. Si elle tombe souvent, elle pleure pourtant rarement, puisque le signal de douleur est atténué lorsqu’il arrive à son cerveau. En contre partie, les sensations que nous recevons tous de façon faible, mais bien perceptible, arrivent au cerveau de Léa encore une fois atténuées, et ainsi, elle ne les sent pratiquement pas; tous les jeux qui n’apportent pas de stimulation assez importante au niveau des sens sont alors dépourvus d’intérêt pour elle, puisqu’elle les décèle mal. Voilà la raison expliquant ses caractéristiques si différentes des nôtres!

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est qu’on peut compenser ce problème en augmentant volontairement l’intensité du message qu’on envoit à ses sens. Trois moyens pour y parvenir : augmenter la force du message initial, le répéter encore et encore, ou envoyer notre message en passant par plus d’un sens à la fois, ce qui multiplie l’impact. À chaque fois qu’une fraction de l’information est reçue, celle-ci se joint aux précédentes, et une fois additionnées, toutes ces parcelles constitueront le message dans sa totalité… Et la beauté de la chose, c’est qu’une fois entrée, l’information est enregistrée à tout jamais. Une fois la voie neurologique tracée, comme un chemin de brousse qui aurait été dégagé et pavé, l’information peut circuler à merveille! Quand Léa était bébé, et qu’aucun circuit neurologique n’était tracé, tous les signaux en provenance de ses sens semblaient ne pas se rendre jusqu’à son cerveau. Aujourd’hui, tout un réseau est bien installé dans son système nerveux, et elle, ainsi que nous, en bénéficions grandement! La persévérance est donc de mise!

Évidemment, je ne saurai jamais si cette hypothèse est valable. Mais peu importe, qu’elle soit vraie ou pas, cette explication est source de motivation pour moi, et me donne l’impression de pouvoir décrypter l’impression du monde qu’a Léa. Je peux ainsi élaborer constamment de nouvelles idées pour déjouer cette particularité, ce qui, finalement, évite le découragement à la moindre embûche… Alors, j’y crois dur comme fer… Pourquoi pas?...

dimanche 4 avril 2010

La patience est une vertu...

Étrangement, toutes ces petites choses à manipuler n’obéissent pas toujours à Léa et à ses doigts de fée… Pourtant, elle recommence, recommence…

lundi 29 mars 2010

Reproduction de modèles, la suite

Mes tentatives pour initier Léa à reproduire des modèles m’ont fait réaliser que cette nouvelle activité comporte en fait deux difficultés pour Léa :
-associer objet et image identique, non pas en les superposant comme à son habitude, mais en plaçant l’objet à côté ou en dessous de l’image.
-déposer ce même objet sur une surface non-définie (jusqu’à maintenant, dans toutes les activités de pairage, l’aire était délimitée par des petites cases, ou des paniers).

On a donc dû reculer un peu… Pour éliminer la deuxième difficulté, nous travaillons maintenant l’exercice à l’aide de cases en bois, gracieusement bricolées par le papa de Léa! Donc, le premier objectif est d’habituer Léa à déposer l’objet dessous ou à côté de son pareil, et non directement dessus, mais cette fois, dans la case prévue à cette fin, ce qui délimite la zone ciblée. Éventuellement, quand ce but sera atteint, on retirera le cadre en bois, pour amorcer la compréhension du deuxième objectif…














Quand on tente de brûler des étapes, on se butte à un mur insurmontable. Vaut mieux prendre le temps de construire une échelle qui nous permettra éventuellement de gravir ce mur, plutôt que d’essayer en vain de sauter par-dessus… Voilà, c'était la pensée du jour!!...

vendredi 26 mars 2010

Hypotonie

L’hypotonie est caractérisée par une diminution de l’excitabilité nerveuse, occasionnant une baisse de la tonicité musculaire. Cet état neurologique peut être compensé par un entraînement du muscle. Dans le passé, Léa présentait une forte hypotonie généralisée. En acquérant la position debout, puis la marche, Léa a éduqué les muscles de ses jambes, qui font depuis beaucoup d’exercice! Par contre, les muscles du haut de son corps sont moins sollicités, et demeurent par conséquent plus faibles.

Cette hypotonie du dos et des épaules a un effet important sur la motricité fine et la concentration. En effet, pour avoir de la précision dans les mouvements de nos doigts, on doit avoir une grande stabilité des bras, qui eux, sont maintenus par les épaules, dont les muscles doivent être fermes. De plus, les personnes aux prises avec un trouble d’hypotonie ont de la difficulté à soutenir une même posture de façon prolongée. Dans le cas de Léa, maintenir la position assise pendant une longue période demande un effort en soi, puisque les muscles de son dos et épaules doivent fournir un effort constant; il va sans dire que rester concentrée longtemps dans ces conditions est plutôt ardu... Il est donc très important de fournir des occasions à Léa d’entraîner les muscles de son dos, ses épaules, et son cou.

Dans cette optique, plusieurs exercices peuvent être réalisés sous forme de jeu : marcher à quatre pattes, ramper, avancer à plat ventre sur une planche à roulette.

Autrement, toute activité qui nécessite un effort moins grand de la part de ces mêmes muscles, mais soutenu, est à propos, comme c’est le cas pour le vélo. Bonne chose: Léa adore faire du vélo! Celà lui procure la sensation de mouvement qu’elle recherche tant, de même que, probablement, tranquilité et liberté! Sa préférence? Être en tandem avec son papa, et ainsi pouvoir pédaler à son rythme sans se soucier de contrôler le vélo!... Un moment de relaxation… pourquoi pas? Ce sport, qui est un vrai bonheur pour elle, a l’avantage d’exiger un bon maintient du haut du corps pendant une période prolongée, ce qui est sans doute bienfaisant pour faciliter ses apprentissages à d’autres niveaux.

mercredi 24 mars 2010

Petite idée intéressante

Offre beaucoup de sensation sur les mains, et permet d’exercer la motricité fine à la fois. Pour l’instant, Léa apprend à assembler les blocs, ce qui lui demande une certaine agilité en devenir, mais comme elle prend plaisir à frotter ses mains sur les pièces, elle y trouve son compte…

dimanche 21 mars 2010

Commentaires

À tous les lecteurs du blog,

Plusieurs personnes m'ont rapporté des difficultés à laisser des commentaires. Le problème est maintenant réglé: dans la rubrique "sélectionnez le profil", répondre "anonyme" (à moins qu'un autre choix ne convienne) et ça devrait fonctionner!

Bonne lecture à tous! N'hésitez pas à y laisser vos commentaires, pour le partage ou le plaisir!

samedi 20 mars 2010

Léa et Ève

Léa est une enfant très sociable qui lie rapidement des liens avec les adultes qui l’entourent. À la regarder faire, on comprend mieux que… le silence est d’or! Les échanges se passent à un niveau tout autre; des regards, des sourires, des câlins, le toucher,…

Par contre, avec les autres enfants, Léa semble plutôt indifférente. À l’occasion, elle se risquera à toucher la main ou les cheveux, mais d’une façon générale, elle fait sa propre affaire. Cela est aussi vrai avec sa sœur. Mon constat : je crois qu’Ève est très imprévisible pour Léa. À 20 mois, on saute, on crie, on pleure, on rit, tout ça sans crier gare… et en l’espace de quelques minutes… ce qui est quelque peu déroutant pour Léa.

Dans les moments de jeu, Léa se retire donc avec plaisir, et évite toute interaction avec Ève, quitte à lui donner son propre jouet s’il le faut… C'est pourquoi nous tentons d’aider un peu la nature, en provoquant des petits échanges entre-elles, avec des jeux que Léa connaît bien. Parfois du tour de rôles, d’autres fois Ève, toujours très heureuse de jouer avec sa sœur, lui donne les morceaux. En d’autres occasions, c’est seulement l’idée qu’elles soient assises côte à côte avec un jouet pareil, en supposant que Léa remarquera qu’Ève a le même, ce qui pourrait donner lieu à des imitations…

Bref, je ne sais ni comment, ni quand Léa ira s’ouvrira un peu à cette petite boule d’énergie qu’elle côtoie tous les jours. Toutefois, je suis persuadée que toutes deux pourront se rejoindre d’une façon ou d’une autre, quand le temps sera venu…

jeudi 18 mars 2010

Expérience : La pâte à modeler


Introduction :
La pâte à modeler est un incontournable dans le développement de l’enfant; aspect sensoriel (tactile), motricité fine, créativité… Tous nos essais avec Léa se soldent par des échecs, en raison de son grand intérêt… à en manger!... C’est même une idée fixe! On n’a pas assez de mains pour l’empêcher mettre la pâte à modeler dans sa bouche… L’activité devient donc entrecoupée d’une tonne d’interventions; ne fait pas ça, pas dans la bouche, … très rébarbatif pour elle.

Par contre, pour certains apprentissages très importants, comme apprendre à couper, aucune autre matière n’est aussi appropriée. Options :
-Abandonner ce jeu, même si cela prive Léa des bénéfices qu’elle pourrait en retirer.
-Trouver une solution qui l’empêchera de manger la pâte à modeler et ainsi limiter les interventions négatives.

La deuxième alternative semble plus constructive…

Hypothèse : Le fait de bloquer l’accès à sa bouche aidera Léa à se concentrer sur ses mains au lieu de focuser sur son désir de manger la pâte à modeler.


Matériel:
-2 masques (un pour Léa, un pour moi)
-pâte à modeler

Résultats :
Dès le premier essai, Léa a bien toléré le port du masque. J’en portais un aussi, de manière à ce qu’elle ne voit pas ça comme une punition, mais plutôt comme une nouvelle habitude. Après s’être aperçu qu’elle ne pouvait plus manger la pâte à modeler, son attention s’est déplacée vers ses mains. La texture de cette matière étant intéressante au niveau tactile, Léa recevait ainsi une autre forme de stimulation sensorielle, provenant non-pas de sa bouche, mais de ses mains. Par la suite, elle a découvert de nouvelles façons de manipuler la pâte à modeler, ce qui a contribué à rendre l’activité plus intéressante pour elle.

Conclusion :
Le port du masque a été nécessaire pour modifier les habitudes que Léa avaient prises avec la pâte à modeler depuis longtemps. Après quelques séances, il n’est plus indispensable de le porter!!

dimanche 14 mars 2010

Perception du corps dans l'espace

La proprioception est la sensibilité propre aux muscles et aux tendons qui renseigne notre cerveau sur le déplacement et l'équilibre du corps dans l'espace. Ces diverses sensations étant moins claires pour Léa (dû à son hyposensibilité), la perception qu’elle a de son propre corps dans l’espace s’en trouve diminuée, lui causant un trouble de la planification motrice. Pour pallier à cet inconvénient, son cerveau doit en quelques sortes créer une banque de données regroupant tous les mouvements possibles à effectuer dans l’espace, pour ensuite s’y référer au besoin dans le quotidien. De simples gestes que l’on fait tous naturellement doivent donc lui être enseignés.

Jusqu’à maintenant, Léa a appris à effectuer quelques mouvements dans l’espace, mais son répertoire est assez limité. Bien entendu, le fait d’habiter un corps sans en être totalement aux commandes présente certains inconvénients pour elle. D’autres parts, cette compétence étant étroitement reliée avec la capacité de produire des sons avec la bouche, nous avons tout intérêt à y porter une attention particulière, et ainsi favoriser chez Léa l’acquisition d’habiletés dans ce domaine... et tous les autres qui en découlent….

Lorsqu’un geste a un but, par exemple lever un bras pour atteindre un objet placé en hauteur, il est assez facile pour Léa de percevoir le déplacement de son corps, puisqu’elle a alors une sorte de repère visuel, un indice supplémentaire. Par contre, la même action de lever le bras mais, cette fois, dans les airs, sans aucune référence, d’une façon volontaire et planifié est beaucoup plus complexe. Pourtant, avec de la pratique, ce mouvement est devenu naturel et n’a plus de secret pour elle; cependant, si on souhaite apporter une légère variation afin de, par exemple placer les bras en croix,… on la perd complètement! Elle perçoit mal la différence entre les positions semblables.

C’est pourquoi, pour commencer, on doit travailler des gestes très différents les uns des autres. La contrainte est que, tout compte fait, on a juste deux bras et deux jambes; ainsi, les mouvements finissent tous par se ressembler un peu… Une autre stratégie qui me semble intéressante est de débuter par des actions que Léa effectue d’une manière inconsciente, et de l’amener à les faire d’une façon conscience, sur demande ou en imitation. De ce fait, on divise la difficulté en deux.

En définitive, la variété de mouvements qu’il nous est donnée de réaliser dans ce corps qui est le nôtre est telle, qu’il semble insensé de penser enseigner à Léa, un par un, chacun de ces gestes. Cependant, je crois que chaque nouveauté qui s’ajoute à son répertoire lui permet de siéger un peu plus en profondeur dans son corps. De cette façon, elle gagne de l’aisance dans ses mouvements, et devient graduellement plus à même de s’amuser en bougeant de manières diversifiées, et ainsi d’expérimenter elle-même des avenues qui lui sont inconnues.

lundi 8 mars 2010

L'odorat

On sait tous que les bébés découvrent le monde avec la bouche…, et tout y passe! Vers environ 18 mois, cette manière d’explorer s’estompe. Pourtant, Léa utilise encore beaucoup sa bouche pour explorer, ce qui nécessite beaucoup de surveillance! Depuis longtemps, nous tentons de l’inciter à modérer cette habitude. À force de se faire dire « ne met pas ça dans ta bouche!! », elle le fait moins, mais cette interdiction va à l’encontre de son besoin d’explorer; elle n’a pas d’alternative lui permettant de poursuivre son exploration. On nous a suggéré de lui fournir un objet à mâchouiller, pour ainsi combler son besoin sensoriel au niveau de la bouche, ce qui s’est avéré utile, mais insuffisant pour Léa, petite curieuse qui veut goûter à tout!

En observant notre chère Ève franchir le cap des 18 mois, j’ai réalisé que désormais, elle sent bien souvent les objets qu’elle manipule, plutôt que les porter à sa bouche, ce qui me semble une excellente alternative au désir de goûter à tout! Quelle bonne idée! Je n’y avais juste pas pensé…

Le hic, c’est que pour Léa, il est toujours impossible d’utiliser son odorat d’une façon volontaire. Bien sûr en respirant, elle hume les odeurs qui l’entourent, comme nous tous, mais elle ne semble pas différencier les actions sentir et goûter. Probablement que l’hyposensibilité dont elle est atteinte affecte son odorat de la même façon que ses autres sens, rendant la distinction plus difficile à faire. On a donc commencé pratiquer l’action de sentir, à l’aide d’un petit contenant de « pot pourri », l’avantage étant que sa langue n’est pas assez longue pour aller goûter ! Il y a aussi les livres de la collection OdorImage qui seront bientôt fort utiles, mais pour l’instant, une petite lichée est si vite arrivée lorsque la tentation est aussi près de la bouche!!

Doucement, Léa commence à comprendre qu’elle est le maître de ce nez, et qu’elle a la possibilité de sentir au moment où elle le souhaite! Belle découverte! Je crois que plus tout ça sera clair pour elle, plus il deviendra normal de sentir au lieu de porter à sa bouche, du moins, c’est une hypothèse!...

dimanche 7 mars 2010

Les marionnettes

Depuis toujours, comme tous les enfants, Léa côtoie des animaux en peluche et des marionnettes. Toutefois, elle ne les perçoit pas comme des personnages pour s’amuser, mais elle préfère plutôt les toucher et même y goûter!! C’est un début, un point de départ; elle a un intérêt, voilà une bonne chose.

Pour l’aider à réaliser que ces objets peuvent prendre vie, et qu’elle-même a le pouvoir de les animer, je tente de lui proposer de nouvelles façons de les manipuler, je l’incite à imiter les sons des animaux. Étonnament pour nous, tout ça semble n’avoir aucun sens pour Léa. On doit donc y aller à petite dose. Pour éviter d’être déçus du peu de réaction manifestée, on doit regarder ce qu’on veut bien voir, tout en faisant abstraction du reste. Parfois, un simple regard constitue une réponse de la part de Léa, un intérêt naissant. D’autres fois, un petit geste, si maladroit qu’il en perd sa signification, sera la preuve de son intention de reproduire ce qu’elle a vu (même si c’est plus pour nous faire plaisir que pour son propre plaisir…)

Cela m’amène parfois à me poser des questions. Je me demande jusqu’à quel point on doit insister. Est-ce que respecter la personne qu’est Léa serait de la laisser jouer à sa façon, sans lui imposer notre façon de jouer à nous? Je ne sais pas trop… J’imagine que le meilleur baromètre pour m’indiquer jusqu’où aller sera la réaction de Léa elle-même. Si au bout d’un certain temps, elle ne démontre pas plus d’intérêt dans ce jeu, je comprendrai qu’inconsciemment, elle ne souhaite pas aller dans cette direction à ce moment précis. Mais pour l’instant, je suppose qu’il faut au moins lui donner l’opportunité d’essayer…

mardi 23 février 2010

Notre petite martienne !!

Septembre 2004, un enfant naît sur cette terre, et arrive directement de… Pluton!! On l’appellera Léa…!!

Cinq ans plus tard, la transformation de cet être est remarquable, spectaculaire, et dépasse largement tout ce qu’on avait pu imaginer! Son adaptation à notre mode de vie a permis des modifications profondes en elle, de sorte qu’à ce jour, elle possède plutôt les caractéristiques… d’une martienne! La planète Mars étant beaucoup plus rapprochée de notre Terre-Mère que l’est Pluton, ses habitants présentent des comportements grandement plus compatibles avec ceux de notre espèce. Par le fait même, la vie de cette enfant Léa est déjà beaucoup plus aisée que lors de son arrivée ici-bas! Quelle réussite!

Sauf que,… ce qui est habituellement inné chez ses congénères semble, pour le moins, très étrange à cette enfant. D’autres parts, plusieurs de ses intérêts sont encore forts singuliers. Bien des choses qui font normalement plaisir au petit de l’homme la laisse tout-à-fait indifférente. À l’opposé, ce qui, d’ordinaire, semble dépourvu d’intérêt à tous ses congénères procure parfois à cette enfant une joie immense!

Comment expliquer ce phénomène ? Nos experts en la matière stipulent l’idée que son bagage génétique descendrait de celui des Plutoniens, faisant de cette enfant un EGM (enfant génétiquement modifié)! Son système sensoriel n’était pas acclimaté aux conditions terrestres lors de son arrivée. En réalité, ses sens perçoivent les stimuli issus de l’environnement de façon moins prononcée que nous tous, particularité nommée hyposensibilité. Cela démystifie bien sa quête constante de sensations et de mouvement. Effectivement, elle semble trouver satisfaction quand ses sens reçoivent des informations en quantité massive: que ce soit par la bouche, le toucher, la musique directement dans son oreille, ou en regardant un objet qui bouge rapidement, ou tout ça en même temps! D’autres parts, cette intégration sensorielle diminuée engendre une réponse motrice parfois inhabituelle pour nous, terriens. En définitive, toutes les voies effectrices sont touchées : motricité globale, fine, communication, langage, etc, ce qui explique ses goûts et intérêts parfois originaux. Cette enfant génétiquement modifiée est, de ce fait, tout-à-fait unique! Serait-elle une envoyée spéciale, porteuse d’un message en provenance d’une contrée éloignée ? Serait-elle dotée de facultés particulières dont on ignore toujours l’existence ? Ces avenues sont indéniablement à explorer…

Heureusement, la grande plasticité du cerveau en bas âge lui permet graduellement d’outrepasser ce problème sensoriel, donnant lieu à un accroissement des échanges entre son monde, et le nôtre, qui est aussi le sien dorénavant… Toutefois, l’observation de l’enfant nous démontre que le travail de familiarisation est loin d’être terminé. Évidemment, par moments, cela constitue un défi de taille pour ses parents, qui eux, sont simplement des terriens…, et élèvent l’enfant parmi les siens, dont une bambine de 19 mois, qui a des goûts très humains, et qui voudrait bien jouer avec sa grande sœur, martienne ou pas !! À suivre…

Assurément, cette histoire est de la pure fiction, mais illustre bien les difficultés auxquelles Léa fait face, et comment cela affecte l’ensemble de son fonctionnement. Les divers thérapeutes que nous avons rencontrés depuis 5 ans nous ont tous recommandé de combler son besoin sensoriel en lui fournissant ce qui est requis : objets à mâchouiller, balançoires pour le mouvement, hamac, jouets musicaux, et maintenant vélo, espace pour courir, … Dans d’autres moments, on lui demande plutôt l’effort de venir explorer notre monde à nous. Notre rôle devient alors d’essayer une variété de jeux, de lui montrer ces gestes qui ne sont pas naturels pour elle, de répéter, et même d’insister pour qu’elle participe quelques minutes! Quand c'est possible, trouver des activités qui nous permettent de lui enseigner des nouveaux gestes tout en comblant son besoin sensoriel est idéal, puisqu'elle y trouve son compte, et est par conséquent beaucoup plus disposée... Somme toute, c'est à essayer qu'on découvre ce qui incitera Léa à entrouvrir un nouvel accès unissant son monde et le nôtre…

dimanche 21 février 2010

Poupée

Pour guider Léa dans ses apprentissages et l’inciter à sortir de sa bulle, on doit entrouvrir des petites portes en elle, ce qui lui permet de sortir un peu plus de sa coquille, et d’exploiter une nouvelle partie d’elle-même, qui était enfouie très profondément. On découvre alors un potentiel dont on ne soupçonnait même pas l’existence. Dernièrement, une petite porte s’est entrebâillée, je crois, grâce à… une poupée.

Comme tout objet avec lequel elle ne sait pas quoi faire, Léa mâchouillait beaucoup ses pauvres poupées… J’ai commencé il y a longtemps par lui montrer à identifier les parties du corps sur la poupée, pour que cette dernière prenne un sens pour Léa, ce qui va assez bien aujourd’hui. De cette façon, Léa a remarqué que les poupées ont des yeux, et aime bien y mettre ses doigts, ce qui est un début. Ensuite, j’ai suggéré l’idée de bercer la poupée, ce qui s’est avéré être un supplice pour Léa; elle pleurait, ne voulait pas coller la poupée contre elle, et elle fuyait. Ça créait un malaise indescriptible en elle. Mais on l’a fait, et refait, quelques minutes à la fois, et aujourd’hui, Léa accepte de prendre la poupée quelques minutes, de la coller, et devient très calme dans ces moments. On peut donc tranquillement avancer dans ce jeu, donner le biberon, etc….



Pour l’instant, un tel jeu n’est pas encore naturel pour Léa et demeure étrange pour elle. Ça fait appel à un côté d’elle-même dont elle n’a pas encore pris pleinement conscience. Pourtant, j’y vois une petite ouverture de sa part, une fissure pour accéder à son monde, et pour lui permettre de rejoindre le nôtre graduellement…

vendredi 19 février 2010

Reproduction de modèles

Depuis quelques mois, Léa a acquis la capacité d'associer les "pareils", ce qui ouvre la porte à de nombreuses possibilités. Comme je l'ai déjà mentionné, ça lui permet maintenant de faire des casse-têtes en bois parce qu'elle comprend qu'elle doit pairer les images identiques, et plusieurs autres activités en travail autonome. C'est une réussite très importante puisque c'est un des mécanismes utilisés par le cerveau pour faire des liens entre toutes les informations reçues. Pour augmenter le niveau de difficulté, j'ai introduit une activité de reproduction de modèle. J'utilise des jeux commerciaux,

"Day and night"
















"Coffret géo-formes de Djeco"



























On a commencé par très très simple, et j'ai tout de suite constaté que ça pose plusieurs difficultés à Léa auxquelles je n'avais pas pensé:
-Mettre précisément à côté alors qu'elle n'a pas de limites (contrairement aux encastrements)
-Placer la pièce dans le bon sens, comme dans le cas de l'arbre où le tronc doit être debout, la maison, le toit dans le bon sens.
-Le fait de placer plus d'une pièce, je la perds pas mal.

Alors j'essaie des reproductions de modèles où les pièces ne sont pas assemblées, mais plutôt en séquence, et elle met la pareille à droite, à côté, mais encore, pour le sens, c'est pas évident.


























Je suis à l'étape d'essais-erreurs. Je suis certaine que ces jeux sont très accessibles pour elle. Il suffit seulement de trouver ce qui lui fera faire le déclic... À suivre...

jeudi 18 février 2010

Piquer


Il y a quelques mois, j'ai débuté l'activité "poinçonnage" avec Léa, activité qui a pour but d'exercer la main à la prise du crayon avec 3 doigts, en perçant une feuille placée sur un petit tapis mou, à l'aide d'un "poinçon".
Comme Léa n'aime pas beaucoup le dessin, j'ai pensé que le poinçonnage serait peut-être plus intéressant pour elle puisque ça donne un meilleur feed-back sensoriel (Léa étant hyposensible, elle a besoin d'une plus grande sensation pour percevoir les choses). C'est en l'essayant avec elle que j'ai réalisé que c'était en fait le même geste que piquer les aliments avec une fourchette, geste qu'elle n'arrivait pas du tout à faire lorsqu'elle mangeait. Le fait de voir le trou dans le papier lui a donné un indice visuel qu'elle n'avait pas avec les aliments, et de cette façon, elle a rapidement compris ce qu'elle devait faire. Nous avons donc poursuivi l'activité de poinçonnage avec des "play mais", et puis maintenant, elle arrive à piquer dans son assiette, en utilisant la prise du crayon avec sa fourchette. Ça m'a fait réaliser que tant que Léa tenait sa fourchette avec toute la main, elle devait lever le coude pour piquer, et une fois le coude non-appuyé sur la table, elle n'avait plus aucune précision dans son geste. Alors qu'avec la prise à 3 doigts, son coude est appuyé et elle arrive à piquer!
Toute cette histoire juste pour dire que j'étais très en peine pour cet apprentissage avec la fourchette, et finalement, la réponse est venue d'elle-même. "Quand dans le doute, faites juste un pas en avant"!

Petits bonhommes

Tout ce travail décortiqué fait avec Léa a pour but de poser les pré-requis qui lui permettront d'observer et d'imiter ce que font les autres autour d'elle, pour ainsi composer son propre bagage qu'elle pourra utiliser de façon créative; c'est la base de l'apprentissage chez les enfants, le jeu parallèle. Pour Léa, on peut penser qu'il n'est pas inné d'imiter, puisqu'elle le fait très très peu. Mais en fait, j'ai remarqué qu'elle imite les gestes qu'elle sait faire, et qui sont faciles pour elle. Quand la difficulté est trop grande, elle se retire. Ce qui fait qu'elle ne joue pas avec les autres enfants, elle reste dans sa bulle parmi les autres.

J'aimerais qu'elle puisse bénéficier de tous les apprentissages qu'elle pourrait faire au contact des autres enfants, et en particulier de sa soeur. J'ai tenté plusieurs stratégies:

-Ève et moi qui jouent avec les jouets musicaux qui intéressent Léa. Résultat: Léa joue avec ses jouets musicaux dans sa bulle. Ces jouets sont "enfermants" pour Léa, elle se plaît à appuyer sur les boutons encore et encore, tout en courant dans le maison. C'est donc difficile de la suivre!

-jouer avec Ève sans insister pour que Léa se joigne à nous, pensant que tranquillement, elle verrait l'intérêt de participer. Résultat: Léa joue avec ses jouets musicaux dans sa bulle.


Je conclus qu'il serait plus facile de mettre de côté les jouets musicaux à certains moments dans le journée, pour créer des périodes où Léa serait "forcée" à jouer avec nous. Mais ensuite, que faire pour attirer son attention, pour ne pas qu'elle tourne et tourne les petits blocs ou petits bonhommes sans regarder autour d'elle? Je crois qu'il faut simplement qu'elle apprenne les gestes à faire et qu'elle pourra ensuite participer et imiter.

Que fait un enfant avec des petits bonhommes avant de savoir faire du jeu symbolique? C'est ce que j'apprends en regardant Ève; elle met les petits bonhommes debout, sur le plancher, dans la petite auto, les déplace sur une chaise, les fait danser dans ses mains, et puis elle les couche, ... Quant à Léa, ses petites mains maladroites ont de la difficulté à déposer un bonhomme debout, avec précision, alors, évidemment qu'elle n'a pas envie d'imiter ce jeu!

Donc, première étape pour jouer aux bonhommes, nous pratiquons à les faire tenir debout, à côté l'un de l'autre, déposer ici et là, ... Et elle travaille fort pour y parvenir!...

Introduction

Je suis la maman de deux petites filles, âgées de 5 ans et 18 mois. Mon aînée est porteuse d’une micro-délétion chromosomique, causant un problème d’ordre neurologique accompagné d’un retard global de développement. Je suis à la maison depuis sa naissance, ce qui m’a donné l’opportunité de m’informer, de lire, et de découvrir un monde que je ne connaissais pas auparavant.

La meilleure image qui me vient en tête pour décrire le cerveau de Léa est celle d’un grand casse-tête constitué de très petits morceaux. On doit placer chacun des morceaux avec elle. Comme dans la réalisation d’un casse-tête, il y a un ordre logique dans lequel placer les pièces pour faciliter les choses, et plus on avance dans notre construction, plus les morceaux sont faciles à placer. Mais ça demande temps et patience...

De fil en aiguille, la réalisation de cette œuvre est devenue une passion pour moi; j’apprends à observer Léa dans ses forces comme dans ses faiblesses, pour ainsi comprendre la source de ses dificultés et l’aider à dépasser ses limites. Ceci constitue, ni plus ni moins, une énigme à élucider, une quête au quotidien!

Depuis que ma petite dernière est née, en plus de toutes les joies qu’elle apporte, elle m'offre une foule d'indices et de pistes me permettant de percer un peu plus profondément le mystère que représente Léa; cela influence graduellement ma façon de percevoir la situation.

Et ainsi, tous les trois, papa, maman, et petite sœur, nous accompagnons Léa sur son chemin, un parcours aux mille et un détours, qui nous permet pourtant d'avoir un regard différent, et qui nous offre une vue exceptionnelle! Nous sommes, tantôt témoins, tantôt acteurs de la transformation d'un être qui naît un peu plus chaque jour... Cette route recèle bien des difficultés, mais est aussi porteuse de sens, d'une signification que l'on tente de décrypter pas à pas. C’est cette aventure que je souhaite partager sur cet espace avec d’autres personnes qui vivent des situations semblables, ou simplement qui s'intéressent au sujet! J'y dépose mes réflexions, conclusions, essais et erreurs, lectures, les progrès, etc. Bienvenue à ceux qui ont envie d'y laisser leurs idées ou leurs expériences!

mardi 16 février 2010

Les casse-tête


Pour arriver à faire des casses-têtes en bois, il faut d'abord savoir associer avec le pareil, il faut mettre l'image dans le bon sens, retourner la pièce pour la rentrer précisément dans le trou... C'est aussi beaucoup d'organisation, c'est-à-dire prendre une pièce à la fois, la placer, rester focusée sur la tâche assez longtemps pour placer tous les morceaux. On a décortiqué le tout pour apprendre à Léa. Mais maintenant, elle y arrive, de plus en plus facilement. Elle commence même à y prendre goût et elle vient d'elle-même faire un casse-tête! On peut donc compliquer les choses tranquillement...




Détacher-Attacher

Une des caractéristiques limitative manifestée par Léa est cette façon de tourner les objets sur eux-même encore et encore. Pour l'avoir observée à maintes, maintes reprises, je crois qu'elle fait ce mouvement par défaut, et dès qu'elle arrive à faire autre chose le dit objet, elle peut enfin arrêter le tourniquet, ce qui semble très apaisant pour elle! Mais pour faire autre chose de ses mains, elle doit exercer ses petits doigts jusqu'à ce que ce nouveau mouvement soit enregistré!



Plusieurs jouets pour jeunes enfants sont constitués de pièces qui s'attachent et se détachent. Jusqu'à dernièrement, Léa arrivait à détacher les pièces, mais comme elle était incapable de les rattacher, le jeu se terminait très rapidement et elle se mettait à tourner les petits morceaux. On a donc commencé à pratiquer à attacher, ce qui demande la coordination des deux bras en même temps, et beaucoup de précision pour aligner les pièces et les pousser en même temps. Elle y arrive de mieux en mieux! Reste à pratiquer jusqu'à ce geste fasse partie de son répertoire...

lundi 15 février 2010

Langage réceptif

Léa a une grande force dans le langage réceptif, c'est à dire qu'elle apprend facilement le nom des choses. Elle ne peut pas nommer ces choses, mais on peut faire l'inverse et lui demander "donne-moi.... " ou "montre-moi....". De cette façon, elle a appris à reconnaître les animaux, les objets et personnes de son entourage, les éléments de la nature, les formes, et plus dernièrement les lettres de l'alphabet. J'ai commencé avec de très grosses lettres, placées sur un grand tableau magnétique parmi ses images préférées, et puis graduellement, j'ai diminué leur grosseur, augmenté leur nombre, ... Elle arrive maintenant à repérer toutes les lettres de l'alphabet (en majuscule) et les donner à ma demande. Cet exercice me paraît utile, certes parce que les lettres sont à la base de la lecture et l'écriture, mais aussi parce que ça contribue à accroître ses capacités de concentration et de mémoire, pour repérer la bonne lettre parmi toutes les autres, elle doit chercher, et garder mémoire pendant tout ce temps la lettre recherchée, sans se laisser distraire...

samedi 13 février 2010

Déguisements

Depuis quelques temps, j'ai une nouvelle "source d'inspiration" pour me donner des idées à travailler avec Léa: ma petite puce Ève, qui est âgée de 18 mois. En observant sa façon de découvrir tout ce qui l'entoure, je remarque bien souvent que Léa n'a jamais eu la chance de faire ces découvertes, puisque ses manipulations sont très répétitives. Alors, je reprends ce qui intéresse Ève et j'en fait une activité de travail avec Léa.

Un bon exemple de ceci est l'activité "déguisement". Ève, comme tous les enfants de son âge, adore mettre des grands souliers, essayer des chapeaux, .... Pour Léa, quand elle voyait un soulier, l'idée qui lui venait était de le mettre dans sa bouche! J'ai rassemblé des chapeaux, foulard, souliers, colliers, bref, toutes sortes de choses pas compliquées que Léa apprend à mettre elle-même, et à en regarder l'effet dans le miroir. J'ai l'impression qu'elle prend ainsi conscience de son corps, ce qui l'aide à intégrer le schéma corporel. C'est une activité simple, mais pour Léa, ça n'est pas naturel, il faut lui proposer, et au début, on doit insister un peu, jusqu'à ce qu'on arrive au point où elle devient à l'aise, dans du "connu". Voici une photo déguisement (le cache-oeil ne fait pas partie des déguisements... c'est pour stimuler la vision d'un oeil).

Travail autonome

Pour Léa, il est toujours plus motivant d'accomplir une activité lorsqu'elle comprend qu'il y a un début et une fin, et qu'elle peut voir cette fin. Dans le but de lui procurer une motivation qui vienne d'elle-même, et non que ce soit toujours moi qui lui demande de terminer sa tâche, nous l'avons entraînée au "travail autonome", ce qui l'aide aussi à se concentrer en organisant son environnement de travail. Elle doit prendre le bac à sa gauche, sortir la tâche du bac, la faire, remettre le tout dans le bac et ranger le bac à sa droite. Pour faciliter toutes ces manipulations, elle a une table personnalisée, dans laquel ses bacs ont des casiers, de façon à éviter à ce que le matériel tombe par terre. Léa a donc dû apprendre à faire toutes ces manipulations pour placer le matériel dans le bon sens de façon à ce que le tout entre bien dans le bac, insérer les bacs dans les casiers, les placer dans le bon sens, avancer son tabouret quand elle s'asseoit. Et aussi ramasser lorsqu'une pièce tombe par terre et revenir à la tâche (ne pas partir jouer à autre chose...). Maintenant qu'elle y arrive, elle est très concentrée quand elle fait son travail autonome, et arrive à faire 6 bacs de suite!Et comme toujours, quand elle devient à l'aise dans une activité, elle y prend goût! Dès que je commence à remplir les bacs, elle vient s'asseoir et commence! Cependant, je dois encore rester à proximité, sinon elle s'esquive subtilement...
Évidemment, elle a aussi dû apprendre à réaliser les tâches qui sont placées dans les bacs; plus on avance dans ses acquis, plus les tâches sont variées, ce qui est un gros plus pour garder son intérêt.

Elle y fait des casse-tête en bois (ceux qui ont des prises assez grosses), quelques activités d'association au pareil (2D ou 3D), du tri d'objets pour rassembler les pareils ou selon la couleur, diverses activités d'insertion qui pratiquent la motricité fine.

jeudi 11 février 2010

Le chemin parcouru 2004-2009 partie 5

Ses forces :

Léa est une petite fille qui s’adapte bien aux nouvelles personnes et aux nouvelles situations. Elle est curieuse, persévérante et brave; ce qui est un avantage pour toutes les activités physiques. Elle est souriante et très coopérante.


Ses intérêts :

Les jeux musicaux, les jeux action-réaction, les livres d’images colorés (ceux qu’elle connaît), la télévision (les baby einstein, où l’on retrouve musique et couleurs…), le mouvement (les sensations fortes!), ce qui lui permet de mieux sentir son corps dans l’espace, les balles et ballons (seule, de préférence…). Elle aime nager, faire du vélo, se promener dans le bois. Elle adore les chansons (celles qu’elle connaît…) ! On peut lui faire faire presque n’importe quoi si c’est accompagné d’une chanson. Elle aime qu’on lui fasse des grimaces et des sons drôles. Elle aime manger, elle aime tous les aliments, ou presque!

Le chemin parcouru 2004-2009 partie 4

Communication:

Léa ne parle pas, mais utilise tous les moyens dont elle dispose pour se faire comprendre. Les pictogrammes, pour demander ses jouets préférés, la télévision ou demander à manger, choses qui l’intéressent beaucoup. Elle utilise aussi quelques signes. Dans d’autres occasions, elle tend la main vers un objet pour nous signifier ce qu’elle veut (presque pointé), ou elle nous prend par la main et nous amène là où elle veut aller pour faire une demande. Elle aime beaucoup entrer en relation avec les autres en faisant des sons qu’on répète, comme parler en « poisson » ou en faisant des « brrrr…. ». C’est comme si on parlait son langage! Elle aime aussi toucher la peau des gens, ce qui n’est pas toujours approprié socialement… Mais elle cherche à communiquer, ce qui est très important. Il est difficile pour Léa de produire des nouveaux sons avec sa bouche. Elle prononce un mot : « maman », qu’elle dit sur demande, mais pas en contexte. Ça viendra…



Par contre, elle a une grande force pour la communication réceptive, c’est-à-dire apprendre les noms des choses et des images. Elle comprend très bien ce qu’on lui dit, et toutes les consignes du quotidien.

Interactions sociales:

Léa aime beaucoup interagir avec les adultes qui l’entourent, d’une façon qui lui est propre, et elle fait rapidement confiance. Par contre, elle porte peu d’intérêt aux autres enfants; elle ne joue pas avec eux, mais plutôt parmi eux, c’est à dire qu’elle semble assez indifférente à leur présence. Sa conscience de l’autre est encore limitée. Additionné au fait qu’elle a de la difficulté à réaliser tout nouveau mouvement, on voit encore très peu d’imitations de sa part, ce qui est la base des interactions entre les jeunes enfants.

En septembre 2007, elle commence à fréquenter la garderie, 3 jours par semaines. Elle est toujours très heureuse d’y aller, et affiche un grand sourire dès qu’elle y met les pieds. Elle a des éducatrices qui l’adorent et qui font tout pour que cette expérience en garderie soit très stimulante pour elle.
Durant l’été 2008, du nouveau pour Léa, sa petite sœur Ève vient au monde! À cette période, elle ne la remarque pas tellement. Maintenant qu’Ève a grandi, Léa ne peut plus la manquer!! C’est pas toujours facile pour elle, elle qui préfère jouer seule, dans sa bulle, Ève n’hésite pas à y entrer… Tranquillement, on voit de petits débuts d’interactions.

Septembre 2009 : Léa a 5 ans! Elle commence l’école. Elle fréquente une école régulière qui a une section spécialisée, à raison de 3 jours et demi par semaines. Ils sont 10 élèves pour 2 professeurs dans la classe. Elle doit maintenant s’adapter à fonctionner en groupe, attendre son tour, rester assise, et travailler un peu seule. Au programme : travail cognitif, éducation physique, arts plastiques, musicothérapie, zoothérapie. Il y a aussi des salles de motricité, ainsi qu’un projet d’intégration, qui unit les élèves du régulier aux enfants avec besoins particuliers. Léa est contente de partir le matin, ça semble donc être un cadre approprié pour elle.

Autonomie:

Léa participe beaucoup à l’habillage et déshabillage, mais a encore besoin d’un adulte pour l’aider. Elle est propre depuis plus d’un an et demande la toilette avec un pictogramme. Elle mange seule avec la cuillère, elle commence à piquer avec une fourchette, mais ça demande encore tout un nettoyage après le repas…

Le chemin parcouru 2004-2009 partie 3

Développement cognitif et motricité fine:

Depuis l’arrivée de la marche, nous avons débuté des séances de stimulation, pendant lesquelles nous travaillons la motricité, fine, le contact visuel, l’interaction, la concentration… Au début, son intérêt pour le jeu était très restreint; tout allait directement dans la bouche. Elle apprend assez facilement les notions cognitives, mais encore aujourd’hui, Léa est limitée dans ses apprentissages et dans son jeu par le fait que tout nouveau mouvement est difficile à exécuter pour elle, et donc, elle fait des choses répétitives, elle tourne les objets sur eux-mêmes, les met dans la bouche. Pour ouvrir son exploration, elle a besoin de la présence d’un adulte qui lui montre les gestes à faire, encore et encore jusqu’à ce que son cerveau les ait enregistrés et qu’elle puisse les refaire elle-même. C’est à partir de ce moment qu’elle a du plaisir à jouer. La motricité fine, le travail de précision sont difficiles pour elle. Toutefois, plus elle apprend à varier ses façons de manipuler, plus elle devient posée et concentrée, et arrive ainsi à réaliser des tâches surprenantes. Il est difficile pour elle de demeurer en place, mais y parvient de mieux en mieux!

Le chemin parcouru 2004-2009 partie 2

Développement moteur:

Malgré l’arrêt des convulsions à l’âge de 13 mois, le développement psychomoteur de Léa restait au beau fixe, évalué à celui d’un bébé âgé d’un mois. Toutes les sphères sont touchées : motricité globale, fine, contact visuel, interaction, language.


Heureusement, nous avons fait une rencontre qui a changé le cours des choses: Ester Fink, physiothérapeute exceptionnelle qui utilise une méthode très différente : Medek (http://www.medek.ca/). À ce moment Léa présente une forte hypotonie et un équilibre très affecté. Nous débutons ces traitements et faisons les exercices à la maison à tous les jours. Enfin, on voit des résultats. Dès le début des séances, elle commence à se retourner du ventre au dos! L’une après l’autre, elle passe par toutes les étapes du développement moteur (rouler, s’asseoir, quatre pattes, debout, …) pour faire ses premiers pas à l’âge de 23 mois! Ces exercices, qui étaient très difficiles pour elle au départ, devinrent apaisantes après quelque temps. En effet, son corps se retrouvant dans diverses positions complètement inhabituelles, elle devait absolument canaliser toute son énergie dans son mouvement pour ainsi fournir une réaction adéquate, ce qui amenait le calme en elle.


Parallèlement à son éclosion sur le plan moteur, son esprit s'éveille, elle commence à toucher et manipuler les jouets, à reconnaître les personnes qui l’entourent. Quel bonheur!






Aujourd’hui, Léa marche, et même court parfois, elle nage très bien avec un ballon dorsal et fait du vélo… à deux roues depuis peu! Elle commence à patiner sur la glace et faire de la raquette dans la neige. Elle a encore un grand besoin de bouger; comme par le passé, plus elle apprend à maîtriser son corps, plus le calme se fait en elle, facilitant ses apprentissages à tous les niveaux.


Le chemin parcouru 2004-2009 partie 1

Histoire médicale:

Léa est née le 6 septembre 2004, à 36½ semaines de grossesse. Bien qu’ayant un petit poids à la naissance, tout se déroule à peu près normalement. Elle boit, elle dort. Dans ses moments d’éveils, elle semble très vigoureuse, bouge beaucoup les bras et les jambes, son regard se promène sans cesse. Par contre, elle ne fixe pas des yeux les objets ni les personnes. On s’expliquait cela par le fait qu’elle était née plus de trois semaines à l’avance. Vers l’âge de 4 mois, on commence à s’inquiéter du fait qu’elle ne sourit pas, et n’a pas de contact avec son environnement. Elle ne réagit pas aux sons non-plus. Elle semble coupée du monde. Plus le temps passe, plus il est évident que ce n’est pas normal, le développement moteur n’avance pas non plus; elle est hypotonique.

À 6 mois et demi, un verdict tombe suite à un électroencéphlogramme (EEG): elle est atteinte de syndrome de west. Son EEG démontre une hypsarythmie, terme médical qui signifie « anarchie ». L’épilepsie n’est donc pas localisée dans une zone du cerveau, mais provient de partout à la fois. Elle n’a pas encore fait de convulsions, qui apparaîtront un mois plus tard, sous forme de spasmes infantiles. On débute les essais d’anti-convulsivants, rien n’y fait, jusqu’à l’âge de 13 mois; c’est un traitement d’un mois à l’ACTH qui vient à bout des convulsions. Elle recevra par la suite une très faible dose de lamictal; après deux ans, toute médication est cessée, plus aucune trace d’épilepsie! Le syndrome de west est devenu chose du passé! Malgré celà, la source du problème neurologiqque demeure présente : micro-délétion sur le chromosome 1, modification génétique d’origine inconnue.


Plus tard (en 2008), elle recevra un diagnostic de TED non-spécifique. Elle présente en effet des caractéristiques de TED, qui ralentissent ses apprentissages. Par contre, au moment du diagnostic, les traits TED de Léa s’étaient déjà beaucoup estompés par rapport au passé, alors pour nous, ceci n’est pas venu assombrir notre vision du problème, mais simplement apporter une précision.