jeudi 24 novembre 2011

Du Floortime, on dévie vers Son-Rise

« L’enfant nous montre comment entrer dans son monde, et nous lui montrons comment en sortir »

Depuis quelques mois déjà, nous nous intéressons à mettre en place une approche éducative pour Léa qui serait tout à fait adaptée à ses besoins : besoin de bouger, de toucher, d’entendre des sons, et besoin d’évoluer, d’avancer, d’apprendre… , mais surtout, d’entrer en relation avec les personnes.

Nous avons d’abord exploré la méthode Floortime, qui a été un bon point de départ. C’est une approche ayant pour but premier le développement émotionnel et relationnel de l’enfant, et qui perçoit chaque comportement de l’enfant comme un moyen d’entrer en lien avec lui. Il est manifeste que l’acquisition de connaissances se fera d’une manière toute naturelle une fois les bases relationnelles bien établies.

Dans cette même ligne de pensée, on retrouve l’approche Son-Rise (Autism Treatment Center of America), qui, comme le Flootime, est axée sur le développement des liens affectifs d’abord. Toutefois, cette approche nous a particulièrement interpellés, pour sa façon unique de traiter les comportements répétitifs et exclusifs, nommés « isms » , qui caractérisent les enfants, comme Léa, atteints de troubles faisant partie du spectre autistique. En effet, ces gestes auto-stimulants, répétés inlassablement, à l’abri de toute interaction avec les autres, (ex. : tourner un cube sur lui-même, tourner les pages d’un livre encore et encore, souffler dans une flûte à répétition, ouvrir et fermer des portes sans cesse, des interupteurs de lumières, …), peuvent être perçus de l’extérieur comme étant très envahissants.

Pourtant, selon Son-Rise, ces mêmes comportements deviennent un outil-clé pour établir des bases relationnelles avec l’enfant. Ils se transforment en une porte pour entrer dans son monde, par la pratique du « joining ». En fait, c’est très simple : quand Léa entre dans une phase exclusive, nous n’avons qu’à faire exactement ce qu’elle fait, en synchronicité. Plutôt que d’essayer d’arrêter ce comportement, nous l’acceptons entièrement et permettons qu’il se poursuive; nous savons qu’il est utile, qu’il représente simplement pour Léa une réponse auto-apaisante face à un monde imprévisible dans lequel elle n’a aucun contrôle. On lui démontre ainsi notre intérêt, dépourvu de tout jugement, pour ce qui l’intéresse elle. Tout ce que nous ferons pendant ces moments ne devrait jamais l’être avec l’intention de la sortir de son ism, mais simplement avec l’idée de porter intérêt à son monde…

C’est seulement lorsqu’elle nous donne un feu vert (un contact physique, un regard, un son…), qu’on essaiera de maintenir cette interaction naissante en nous rendant très attrayants pour elle. De cette façon, on construira peu à peu, des interactions plus longues, dans la confiance mutuelle, et on pourra intégrer graduellement de nouveaux éléments qui lui permettrons d’évoluer.

Suivant Son-Rise, plusieurs autres principes éclairent notre façon d’enseigner. D’abord, c’est la motivation intrinsèque de l’enfant qui est le moteur même du processus d’apprentissage. Par conséquent, ce sont les réponses spontanées qu’il émet, qui seront le point de départ des apprentissages, plutôt que des activités imposées par une tierce personne. Nous utiliserons des techniques pour transformer chacune des opportunités qui se présente en un jeu interactif. Nous manifesterons beaucoup d’enthousisme, d’excitation et d’énergie! Nous célébrerons chaque contact, chaque tentative de l’enfant. Et nous prioriserons toujours la qualité de la relation, plutôt que les objectifs éducatifs, auxquels nous reviendrons lorsqu’une occasion propice se présentera à nouveau.

Aussi, il est important de créer un environnement externe qui maximise les apprentissages et les interactions. La salle de jeu dans laquelle se déroulent les séances, en un pour un, est une pièce épurée, sans distractions, libre de toute sur-stimulation. On souhaite que l’enfant se sente parfaitement à son aise dans cette pièce, où tout est permis (donc, ce qui n’est pas permis y est éléminé). Les avantages : augmente la concentration et la durée de l’attention, brise le cycle de la sur-stimulation, permet à l’enfant de digérer les stimuli petit à petit, diminue le besoin de l’enfant de retourner à ses moments exclusifs, élimine les batailles de contrôle, qui brisent le lien de confiance. De cette façon, nous nous plaçons au centre de l’univers de l’enfant, clé incontestable des interactions humaines.

Finalement, nous choisirons d’adopter une attitude de non-jugement et d’optimisme, sachant fort bien que ceci rendra notre monde très attrayant pour notre enfant : ne pas juger où en est l’enfant dans le moment présent, et croire qu’il peut arriver à n’importe quoi. De toutes nos paroles et de tous nos gestes émanera cette conviction profonde, que l’enfant percevra, intégrera, et concrétisera.

En bref, nos objectifs seront toujours d'ordre relationnel, variant entre l'amélioration du contact visuel, la durée de l'attention en interaction, la communication, et la flexibilité. À partir des intérêts de Léa, qui est attirée par tout ce qui lui apporte satisfaction sensorielle, nous imaginerons des jeux dans lesquels nous intégrerons des tous petits défis, définis par nos buts nommés ci-haut. À ceci nous ajouterons l'attitude "Son-Rise", et c'est ainsi que nous avancerons, pas à pas avec Léa!

Suite à la recherche de bénévoles que nous avons menée il y a quelques mois, nous recevons présentement l’aide très précieuse de sept aimables (!!) personnes, qui viennent à raison de une heure par semaine jouer avec Léa. Nous souhaitons maintenant étendre cette façon de faire avec Léa, augmentant grandement notre besoin de collaboration. Nous espérons bâtir une équipe de bénévoles, pour couvrir l’horaire de Léa à temps plein.

VOUS ÊTES CRÉATIF, ÉNERGIQUE, OUVERT?
VOUS AVEZ ENVIE DE VIVRE UNE EXPÉRIENCE HUMAINE ENRICHISSANTE?

Nous sommes en quête de toute personne qui souhaiterait prendre part au projet, pour aider Léa à développer son plein potentiel!
-Aucune expérience requise; nous vous formerons.
-Engagement : 4 à 6 heures par semaine

N'hésitez pas à nous contacter pour toute autre information supplémentaire!

mercredi 31 août 2011

Merci!!

Un grand merci de l'intérêt que vous avez manifesté pour notre projet avec Léa! Plusieurs personnes, qui se sont senties interpelées, sont même prêtes à nous épauler dans notre démarche, selon leur disponibilités, et ainsi accompagner Léa pour un bout de chemin!

Nous allons donc, peu à peu, intégrer quelques séances dans l'horaire de Léa, et voir comment elle y répond, un jour à la fois...

mardi 16 août 2011

Bénévoles recherchés!!



Voilà, c'est bien beau tout ça, mais pour avoir une incidence sur le développement de Léa, les séances de Floortime doivent être faites assiduement, à tous les jours, et même plusieurs fois par jour. Voilà pourquoi nous avons besoin de renforts!! Nous sommes donc à la recherche de gens qui seraient intéressés à se joindre à nous dans ce projet de « Floortime » auprès de Léa.

Dans la salle de jeux, à coup de 30 à 40 minutes, parfois assis par terre avec elle, d’autres moments debouts sur le divan, on suit son rythme, se met à son diapason, puis on s’imisce dans ses activités pour attirer l’attention sur nous et ainsi transformer le tout en un jeu interactif! Voilà le programme!… Sans attente, tout en maintenant le cap sur l’objectif! Ouf!!

Toute personne intéressée peut nous joindre

lechemindelea@gmail.com

Nous croyons réellement que la variété d'idées et de "couleurs" que chacun apporterait au projet serait très certainement bénéfique pour Léa, les possibilités devenant multipliées pour elle...

Cliquez ici pour des informations supplémentaires.

dimanche 14 août 2011

Floortime

Léa adore interagir avec les gens, mais d’une façon bien particulière. Avec le temps, elle a développé des moyens pour entrer en contact avec les autres, qui lui permettent du même coup de combler ses besoins sensoriels. Elle nous sourit, nous regarde, nous jase un peu avec les quelques sons qu’elle émet, mais aussi, elle touche la peau, les jeans, regarde à travers nos lunettes, veut qu’on lui parle directement dans l’oreille, touche les montres et boucles de ceintures, de façon à faire un petit clintement… Bref, elle trouve toutes sortes d’idées pour stimuler ses oreilles, ses yeux et ses petites mains à la recherche de sensations!

Étant donné que le lien avec nos semblables est à la base de tous les autres apprentissages, il serait prioritaire pour Léa de développer la capacité d’interagir avec les gens, autrement que par les moyens répétitifs dont elle dispose jusqu’à maintenant. Et pour y parvenir, il semblerait qu’elle ait vraiment besoin de notre aide!

Le livre « The child with special needs » de Stanley I. Greenspan et Serena Wieder nous décrit en détails comment s’y prendre, à l’aide de l’approche appelée « Floortime », pour créer une véritable communication bi-directionnelle entre l’enfant et nous, et ce, à travers le jeu, qui est la façon toute naturelle qu’ont les petits de découvrir le monde. Notre rôle, en tant que partenaire actif de jeu, sera donc de suivre l’initiative de Léa et de jouer avec ce qui captive son intérêt, mais le faire d’une façon qui l’encourage à interagir avec nous. Il s’agit donc de procéder à l’envers de ce qu’on a fait jusqu’à maintenant; alors qu’on demandait à Léa de s’intéresser à ce que nous lui proposions, le "Floortime" suggère plutôt de la suivre dans ses explorations, qui deviennent alors le point de départ de notre interaction, malgré qu'elles peuvent nous sembler, disons-le, bien souvent quelque peu insolites...

Nous sommes donc en ce moment affairés à s’initier à cette façon de procéder; un peu de lecture, entrecoupée d’essais avec Léa, et tranquillement on comprend un peu mieux comment il est possible de s’imiscer dans son jeu. Les rôles sont inversés. Pendant les séances "Floortime", c’est Léa qui dirige les activités, selon son intérêt du moment. Nous reste plus qu’à la suivre, tout en saisissant les occasions qui se présentent spontanément (ou en provoquer au besoin...), pour orienter doucement l’affaire…

L’été qui passe…

De nouvelles expériences attendaient Léa cet été, puisqu’elle a fréquenté le camp de jour de la ville pour la première fois, à raison de trois jours par semaines. Elle était accompagnée tout au long de la journée par une monitrice (pour elle toute seule!) qui a adapté les activités en fonction des goûts et des capacités de Léa! Celle-ci s’est très bien acclimatée à ce nouvel environnement, et ses compagnons l’ont très bien acceptée parmi eux. Étant donné que Léa ne fréquente pas l’école du quartier, avant son passage au camp, les enfants des alentours ne l’abordaient pas, ne la connaissant pas du tout. Désormais, les enfants qui la croisent la saluent, et se montrent même intéressés à rendre service, autant à elle qu’à nous, quand l'occasion s'y prête. Le fait d’avoir cotoyé, pendant plusieurs semaines, cette petite fille qui semble bien différente d’eux a l’avantage de la démystifier! C’est une expérience à refaire!

Et aussi, juste à la fin des classes, le 23 juin, une surprise attendait Léa : la naissance de son petit frère Jules!! Pour l’instant, cette nouvelle présence dans la maison laisse Léa plutôt indifférente, du moins en apparence… On peut s’attendre à ce qu’elle en prenne tranquillement conscience au cours des prochains mois, au fur et à mesure que Jules grandira. C’est à suivre!…

dimanche 27 mars 2011

Les joies de l'hiver

L'hiver achève! Léa a su profiter de ses plaisirs, le premier étant de déguster la neige! La sensation de froid dans sa bouche semble irrésistible! Autant dire qu'on recherche la neige blanche, pas celle de la rue (qui, mêlée au calcium, semble encore meilleure au goût...). Elle s'est amusée à se balancer tout l'hiver, ce qu'elle adore! En outre, Léa a poursuivi la pratique du patin; même si elle se promène toujours à petits pas de souris, elle arrive à parcourir seule plusieurs mètres sur la glace! Et puis, percée intéressante, en grandissant, Léa parvient de mieux en mieux à se déplacer dans la neige, même si elle cale jusqu'aux genoux. En voilà tout un exercice! Évidemment, l'hypotonie dont elle est atteinte pourrait la limiter, mais son immense besoin de bouger prend le dessus, et la voilà qui escalade une montagne de neige au lendemain d'une tempête! Elle tombe, en profite pour prendre une petite bouchée de neige, se relève sans dire un mot, et c'est reparti! Après tout ça, on est bien prêts pour le printemps!

dimanche 30 janvier 2011

Rythme

La musique, c’est un enchantement pour Léa! Tous ces sons mélodieux qui bombardent son tympan d’ondes sonores, c’est le paradis! Son besoin très prononcé de stimulation auditive est comblé pendant un moment! Pas étonnant qu’elle demande ses écouteurs si souvent, dans lesquelles elle peut écouter ses chansons favorites. Curieusement, certains sons deviennent rigolos dans son oreille, par exemple, un simple tintement de harpe et elle rit aux éclats!

Malgré sa fascination pour la musique, Léa demeure figée par celle-ci, sans arriver à entrer dans le rythme de la musique. Elle le ressent probablement, mais ne peut l’extérioriser d’aucune façon. Toutes ses tentatives pour produire des sons (taper des mains, du pied, ou bien jouer sur un piano) sont caractérisées par des petits mouvements répétitifs plutôt désordonnés; elle est tout simplement incapable de les moduler selon son désir pour, par exemple, ralentir ou accélérer la cadence.

Depuis quelque temps, j’ai assisté à une grande première autour de cette notion qu’est le rythme. J’ai demandé à Léa de frapper sur son xylophone, mais plutôt que de la laisser tambouriner à sa guise, j’attrappais son bras après chaque son unique entendu, pour donner une grande amplitude à son mouvement et donc ralentir le battement. En même temps, je scandais d’une voix déterminée un, deux, trois, … pour donner un tempo. Graduellement, je n’ai eu qu’à effleurer son bras, ce qui lui rappelait de le monter, et finalement, elle arrive elle-même à ralentir le rythme pour donner des coups bien séparés les uns des autres! Main droite ou gauche, peu importe. Les premières fois qu’elle le faisait complètement seule, elle avait besoin de toute son attention pour maîtriser son bras, qui lui, semblait vouloir retourner à ses vieilles habitudes de clapoter au lieu de frapper le xylophone… Adorable moment de concentration!



Prochaine étape : faire un seul et unique coup à la fois, et puis éventuellement deux coups, le tout en imitation. Les tous-petits ressentent très bien cette notion de rythme, et j’ai l’impression que ceci est très utile pour l’acquisition du langage; à un certain stade, bien qu’il leur soit impossible de prononcer certains mots, ils les répètent, certes en émettant les mauvais phonèmes, mais le bon nombre de syllables. Cette aptitude étant absente chez Léa, je crois que de mieux percevoir le rythme et pouvoir l’extérioriser dans son corps constituerait un pas en avant pour parvenir à articuler quelques mots… Et puis sinon, c’est tout de même une façon intéressante de prendre part au monde qui l’entoure que de pouvoir taper des mains suivant le tempo (ou à peu près) ou même bouger selon le rythme de la musique qu’elle apprécie tant!