mardi 20 avril 2010

Micro

Idée proposée par une orthophoniste : un micro à écho, pour inciter les enfants à bavarder, ou à babiller. Léa a apprivoisé ce jouet avec plaisir! Bien que les sons qu’elle émet ne sont pas très variés, elle semble apprécier l’effet de résonnance ainsi produit; elle renouvelle même l’expérience fréquemment en utilisant divers objets dont la forme creuse s’apparente un peu à celle du micro . Alors, on peut entendre un peu plus souvent sa jolie voix de soprano!

jeudi 15 avril 2010

Les sauts

Pour dépenser de l’énergie physique et ressentir une grande sensation de mouvement, quoi de mieux que de sauter? L’évolution motrice de Léa a été, au départ, axée sur l’utilitaire, à savoir marcher pour se déplacer. Le saut, ainsi que légèreté et souplesse le caractérisant, ne faisait donc pas partie de sa « base de données », et, à prime abord, ne coulait pas de source pour Léa... C’est grâce à une « zébulette » http://www.hamac-bebe-zebulette.com/ (merci Isabelle pour le contact…), faite sur mesure pour grande fille, qui était alors âgée de 4 ans et demi, que notre petite sauterelle a assimilé l’idée de se propulser vers le haut. Elle arrive, depuis un bon moment déjà, à sauter sur place, pieds joints, sur le plancher ou sur un trampoline, en décollant très légèrement du sol; c’est le rudiment du saut. Ce nouveau savoir lui est très utile, plus spécifiquement pour extérioriser sa joie ou son mécontentement face à une situation. C’est en quelque sorte devenu un moyen d’expression pour elle; ainsi, elle utilise son corps en entier pour parler, et le message est, on ne peut plus clair!!

L’aboutissement idéal serait que Léa puisse maintenant adjoindre le mouvement d’avancer en sautant, pour ensuite s’amuser en faisant des bonds, sauter en bas d’une marche, ou bien dans l’eau; pourtant, son évolution est au beau fixe sur ce point. Qu’est-ce qui l’empêche d’aller plus loin? On pourrait dire qu’elle a été programmée à mettre un pied devant l’autre pour marcher, et c’est un automatisme; de ce fait, elle descend dans l’eau – ou d’une marche - plutôt que de sauter. Qui plus est, l’expérience lui a appris que se jeter dans le vide n’est pas une bonne idée, alors prudence est de mise!!

Prenons les choses une à la fois… Commençons par entrer un nouveau programme dans l’ordinateur central de Léa; avancer les deux pieds en même temps est chose du possible. Étant donné que de simples explications verbales ne sont pas assez puissantes pour outrepasser son réflexe bien ancré d’avancer un pied d’abord, Léa doit expérimenter ce principe dans son corps pour l’intégrer. À mon sens, elle possède, dans son disque dur, toutes les notions péalables à la résolution de cet impasse; il n’y a qu’à réunir les conditions favorables qui lui permettront de franchir ce pas. Comment s’y prendre? Après maints essais et mûre réflexion, on constate que tant et aussi longtemps qu’on exécute le mouvement pour elle, aucune connexion neuronale ne peut s’établir. C’est pourquoi elle devra élucider elle-même la façon de procéder pour descendre d’une petite marche en avançant les deux pieds simultanément. Pour l’aider à maintenir ses deux pieds ensemble, il semblerait qu’attacher ses deux pieds ensemble à l’aide d’un foulard, serait approprié. Pour éliminer l’effet intimidant de la hauteur, Léa aurait un appui pour se tenir. Il suffit qu’elle y parvienne une seule fois pour que la formation d’un nouveau circuit neurologique puisse s’enclancher.

Je suppose que cet aléa est affaire courante chez les enfants « différents »... Si jamais quelqu’un connaît une astuce auquelle nous n’avons pas pensé, n’hésitez pas à me refiler le tuyau!!

dimanche 11 avril 2010

Les fleurs

Le printemps est arrivé, la nature s’éveille, ce qui offre une panoplie d’activités enrichissantes à faire avec les enfants à l’extérieur. Par contre, pour obtenir du succès dans cette entreprise auprès de Léa, il vaut mieux planifier... En effet, bien qu’il soit intéressant de saisir les opportunités que nous offre la vie quotidienne pour lui faire faire des découvertes, ce contexte n’est pas le plus favorable pour les apprentissages; trop de distactions sont présentes, et surtout, dans ces situations, Léa a déjà ses propres habitudes qu’elle n’aime pas modifier subitement pour s’accorder à notre façon de faire. La subtilité est donc à l’honneur!

Par conséquent, il est préférable d’initier Léa à une nouvelle activité dans un contexte d’apprentissage, dans une pièce prévue à cette fin, où elle s’attend précisément à se faire déstabiliser et mettre au défi. Dans ce cas, elle est plus disponible et réceptive à ce qu’on lui présente. Une fois qu’elle aura apprivoisé la dite activité, le transfert dans un autre environnement en deviendra que plus aisé.

Par les étés passés, nous avons souvent tenté de lui faire cueillir des fleurs lors de promenade dans le bois, ce qui s’est avéré être un tour de force. Cette année, Léa sera au préalable initiée à la chose! Dans ce but, on pratique, dans un contexte d’exercice, à faire des bouquets de fleurs. Léa apprend à tenir la fleur par la tige, et non par les pétales, à les mettre dans le pot dans le bon sens, à les regrouper dans sa main, à les sentir… Ainsi, toutes ces manipulations s’ajoutent à son répertoire, auquel elle pourra se référer lorsque la nécessité surviendra dans la « vraie vie »!

jeudi 8 avril 2010

Biologie 101

Dans mon ancienne vie, avant l’arrivée de mes enfants chéries, je travaillais dans la recherche biomédicale. De par cette formation scientifique, les pourquois et les comments revêtent une importance particulière à mes yeux. Déformation professionnelle ou simplement trait de personnalité? Probablement un peu des deux… Pas étonnant donc que depuis cinq ans, une question me taraude : Mais qu’est-ce qui, dans le corps de Léa, ne tourne pas rond?? Quel disfonctionnement est à la source de ces diverses caractéristiques: hyposensibilité, hypotonie, strabisme, difficultés de planification motrice, conscience de l’autre peu développée….

Toute une série de tests structuraux, métaboliques et génétiques ont été réalisés afin de déterminer la fameuse « défectuosité ». Résultat : la cause n’est ni structurale, ni métabolique. On comprend donc que le cerveau de Léa est normalement constitué. De plus, l’ensemble des réactions produites depuis l’ingestion des aliments, jusqu’à leur élimination, ainsi que toutes celles qui se passent entre les deux, sont normales; le cerveau de Léa dispose donc de tous les nutriments nécessaires à son bon fonctionnement.

Si le problème n’est pas au cerveau, mais que diable se passe-t-il dans son corps?? Un test génétique très pointu a mis en lumière une micro-délétion sur le chromosome 1; quelques gènes sont donc absents sur ce chromosome (mais tout de même présents sur l’autre chromosome 1, puisque ceux-ci viennent en paire). Trois gènes connus sont compris dans cette déletion; leur fonction probable est aussi disponible. Étant donné que tout ce qui a trait au génome humain n’est pas encore élucidé, la médecine ne peut nous fournir davantage d'information pour l’instant. Peut-être qu’un jour, on en saura plus. En attendant, ma tête a cogité une réponse…

Parmi les trois gènes, un en particulier semble intéressant dans le cas qui nous occupe, de par son implication dans l’excitabilité neuronale. Qu’est-ce que cela signifie? Commençons par le commencement… Les nerfs servent à transporter des messages en provenance des organes des sens, jusque dans le cerveau, qui à son tour, commande la réponse appropriée aux différents muscles du corps, toujours par l’entremise des fibres nerveuses. Celles-ci sont constituées de neurones. Entre chaque neurone, le message doit donc se transmettre en totalité. L’excitabilité neuronale est ce qui permet la transmission de ce message d’un neurone à l’autre. Si un gène responsable de ce phénomène est en partie absent, comme c’est le cas dans le génome de Léa, il est évident que le message ne se transmettra pas dans son intégralité. C’est pourquoi ma théorie veut que lorsque les organes des sens de Léa perçoivent une information en provenance de l’environnement, le message capté perd de son intensité en route vers le cerveau. Ce dernier reçoit donc une information atténuée. Naturellement, sa réponse étant fonction du message reçu, celle-ci sera plus faible que ce qu’on aurait pu s’attendre face au message initial. Qui plus est, la réaction perd à nouveau de l’intensité en route vers les organes effecteurs, comme les muscles.

Par conséquent, à nos yeux, la réponse de Léa face à un stimulus est parfois bien loin de ce qu’on s’attendait, mais est pourtant logique par rapport à ce que son cerveau a reçu. Voilà pourquoi on la dit hyposensible. Si elle tombe souvent, elle pleure pourtant rarement, puisque le signal de douleur est atténué lorsqu’il arrive à son cerveau. En contre partie, les sensations que nous recevons tous de façon faible, mais bien perceptible, arrivent au cerveau de Léa encore une fois atténuées, et ainsi, elle ne les sent pratiquement pas; tous les jeux qui n’apportent pas de stimulation assez importante au niveau des sens sont alors dépourvus d’intérêt pour elle, puisqu’elle les décèle mal. Voilà la raison expliquant ses caractéristiques si différentes des nôtres!

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est qu’on peut compenser ce problème en augmentant volontairement l’intensité du message qu’on envoit à ses sens. Trois moyens pour y parvenir : augmenter la force du message initial, le répéter encore et encore, ou envoyer notre message en passant par plus d’un sens à la fois, ce qui multiplie l’impact. À chaque fois qu’une fraction de l’information est reçue, celle-ci se joint aux précédentes, et une fois additionnées, toutes ces parcelles constitueront le message dans sa totalité… Et la beauté de la chose, c’est qu’une fois entrée, l’information est enregistrée à tout jamais. Une fois la voie neurologique tracée, comme un chemin de brousse qui aurait été dégagé et pavé, l’information peut circuler à merveille! Quand Léa était bébé, et qu’aucun circuit neurologique n’était tracé, tous les signaux en provenance de ses sens semblaient ne pas se rendre jusqu’à son cerveau. Aujourd’hui, tout un réseau est bien installé dans son système nerveux, et elle, ainsi que nous, en bénéficions grandement! La persévérance est donc de mise!

Évidemment, je ne saurai jamais si cette hypothèse est valable. Mais peu importe, qu’elle soit vraie ou pas, cette explication est source de motivation pour moi, et me donne l’impression de pouvoir décrypter l’impression du monde qu’a Léa. Je peux ainsi élaborer constamment de nouvelles idées pour déjouer cette particularité, ce qui, finalement, évite le découragement à la moindre embûche… Alors, j’y crois dur comme fer… Pourquoi pas?...

dimanche 4 avril 2010

La patience est une vertu...

Étrangement, toutes ces petites choses à manipuler n’obéissent pas toujours à Léa et à ses doigts de fée… Pourtant, elle recommence, recommence…