dimanche 29 avril 2012

La pointe de l’iceberg

De par la mise en place de notre programme Son-Rise, nous avons mis le cap sur « ouverture et interaction ». Et c’est exactement ce qui se passe, à petite échelle, bien sûr…

L’objectif premier en ce moment : contact visuel. À la fin décembre, quand on a officiellement débuté suivant les principes Son-Rise, Léa nous jetait parfois des regards, bien droit dans les yeux, qui, quoique furtifs, pouvait donner l’impression qu’on avait un bon contact visuel. Oh! surprise! En réduisant la salle de jeu à sa plus simple expression, pour éviter les distractions, et en pratiquant le « joining », j’ai constaté qu’elle était incapable de soutenir le regard plus de quelques secondes. Et dès que ses yeux quittent les nôtres, elle redevient dans le mode « exclusif ». Tout compte fait, elle était exclusive, ou dans sa bulle, la grosse majorité du temps. Voilà donc où on a choisit de diriger nos énergies, soit à la base de toute interaction : les yeux, les yeux, les yeux!!

Concrètement, c’est en célébrant chacun des regards que Léa nous porte, que nous parvenons tranquillement à lui donner envie de revenir encore et encore à nos yeux, et d’y rester de plus en plus longtemps. Elle adore entendre des chansons, alors quand on a ses yeux, on chante, on invente un jeu basé sur ces chansons, on amène des images en lien, on alterne le tout avec des drôles de bruits, des expressions faciales,… Quand ses yeux quittent, on n’insiste pas, on respecte son besoin du moment, et on « join », puisqu’elle retourne, de toute évidence, dans sa bulle.

Dans le silence du joining, se développe une confiance, c’est elle qui a le contrôle, et quelques fois, je l’ai surprise à jeter un bref regard sur ce que je faisais (bien sûr, qui était exactement ce qu’elle-même était en train de faire), puis rapidement retourner à son affaire. Un intérêt envers autrui prend racine peu à peu…

En quelques mois, elle arrive maintenant à soutenir le regard pendant des périodes beaucoup plus longues, assez pour nous laisser le temps de dire quelques phrases, et, très important, elle revient plus systématiquement à nos yeux au cours d’une interaction. Cela permet de développer tranquillement l’attention conjointe, lors de laquelle le regard se déplace en alternance entre un point X, et les yeux du partenaire de jeu. Du coup, j’ai vu ses yeux s’illuminer quelques fois, alors qu’elle constatait que je portais attention à ce qui l’intéressait à un moment précis; elle démontrait une (toute petite) expression d’étonnement, du jamais vu sur son visage auparavant, comme si elle réalisait peu à peu que c’est ainsi qu’elle peut faire partie du grand tissu qui relie tous les humains entre-eux! C’est ce petit déclic que je nomme « la pointe de l’iceberg »! Jusqu’alors, ses interactions avaient toujours été basées sur -demande de sa part, réponse de la nôtre-, ou -consigne de notre part, réponse (par une action) de la sienne-; je sais maintenant qu’on peut construire une relation beaucoup plus profonde avec Léa, et ainsi découvrir ce qui se cache en elle… la partie immergée de l’iceberg…

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